Faites des Gosses..... ou pas!

Au fil de mon insta....

samedi 8 novembre 2014

Kenavo.......

http://faitesdesgossesoupas.fr


100 ans.
Toute une vie. Des bons moments, des moins bons. Des choses terribles et des heureux évènements. Des générations connues aussi. Plusieurs. Des enfants, des petits enfants et des arrières petits enfants. 

Et puis la fin de vie. 

Celle qui fait mal, qui fait souffrir, celle qui laisse un mauvais goût dans la bouche de tous les concernés. 
Qui décide ? Pour qui ? Dans quel état voulons nous finir notre vie ?
Depuis ces trois dernières semaines où la vie de mon grand père ne tenait plus qu'à un fil je me la suis posée de nombreuses fois cette question. Et me revenait en tête ces débats faits sur la fin de vie en France et l'obligation de l'état à la refuser décente cette fin de vie. J'y ai réfléchi. En fonction de la situation vécue aussi. Et j'entends les arguments qui prônent que le droit à la vie se place au dessus de tout. Et puis j'ai vu. 
La souffrance dans ses yeux. 
La déchéance aussi quand sa propre petite fille (moi en l'occurrence) a du faire face à son intimité contre son gré mais pour lui venir en aide, la diminution physique jusqu'à dépendre de tout le monde ou presque. 
Alors oui je me suis posée la question: dans quelles conditions ? Est ce que je souhaiterai vivre en ayant conscience de tout ce que je ne peux plus faire ? Peux-t-on vivre les dernières années de sa vie dans une souffrance extrême ?
Peux-t-on accepter de laisser un homme/une femme seul(e) la majeure partie de sa journée face à ses douleurs, sa souffrance physique et morale ? Pour qui fait on cela ? Le malade réellement ? Les vivants qui restent ?
Oui. Beaucoup de questions se bousculent dans ma tête. 

Ce soir mon grand père est mort. À 100 ans. 
Et l'on peut dire qu'il aura eu une belle vie dans l'ensemble, excepté ces derniers jours. Nous le savions. Il le savait. Nous pleurions de sa souffrance. Il pleurait de douleurs..et tous, lui, nous autour, n'attendions qu'une chose: le temps. Car lui seul est décisionnaire. 
Et je vous le dis ici. Évidemment ça n'engage que moi mais je ne souhaite pas de fin de vie comme celle-ci, je refuse que mes enfants ou arrières petits enfants voient cette déchéance infligée par la maladie à un âge aussi avancé. Je refuse que mes petits enfants ou arrières petits enfants aient à entrer plus que nécessaire dans mon intimité. Je refuse de laisser cette image de moi, même si ce n'est pas la seule qu'ils garderont...
Voilà. La loi est peut être mal faite. Il devrait y avoir des conditions particulières qui encadre la fin de vie. Pas de généralités mais des parcours individualisés, en accord et concertation avec le patient, les médecins, la famille. 
C'est difficile de laisser partir, de dire au revoir mais il est encore plus difficile de voir un homme lutter contre son corps, contre sa souffrance jusqu'à épuisement.
J'ai conscience de ce que j'écris et une fois encore ça n'engage que moi. Je sais que ce sujet fait débat. Mais je sais aussi que l'enrichissement naît des témoignages et contributions de chacun.
Le débat aura t-il réellement lieu un jour en France ? Je l'espère. 

En attendant, je suis fière que le ciel puisse compter dès à présent sur l'homme admirable qu'était mon grand père. Un grand père maternel dont je me souvenais enfant mais qui a pris toute sa place au sortir de l'adolescence.
Un grand père fière de moi et du métier que j'exerce. Un grand père présent à chacun des moments importants de notre famille, un grand père entourée par sa fille et ses petits enfants, un grand père ému à la naissance de chacun de ses 4 arrières petits enfants, un grand père aux yeux si bleus qu'il vous transportait directement dans le monde de l'esplièglerie, un grand père taquin, rieur, généreux et aimant. Un Breton. Voilà. C'est ce que je veux retenir. C'est ce que je vais retenir. Mais en attendant il y a ce deuil à faire, ces images des derniers instants à oublier et se souvenir. De l'essentiel.

Je t'aime papy. Bon voyage.




8 commentaires:

  1. Toutes mes condoléances! je te souhaite beaucoup de courage à toi et ta famille. J'ai connu ça il y a qq années au décès de mon grand-père (à103ans). Il a bcp souffert aussi à la fin et on se sent très démunis.

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    1. Je te remercie de ton soutien et tes affectueuses pensées. Il est en paix à présent. Reste le travail du deuil et de l'absence à apprivoiser au quotidien.

      Encore merci!
      bisous

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  2. Pfiou cette émotion... Le débat est large, je partage d'ailleurs ton point de vue mais sur le moment peu importe...Avant mes condoléances et plein de bisous. 100 ans et autant de souvenirs, ta fierté se sent dans tes mots...

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    1. Merci copine.
      Vos douces pensées ont fait du bien. On sent comme une chaleur autour de nous qui nous aide indéniablement.
      Merci pour les compliments sur le texte....c'était la seule chose qui m'aidait avec les larmes sur les joues..

      Bisous et encore merci.

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  3. Toutes mes condoléances. Un bien joli texte, hyper touchant.
    Pas évident de rentrer dans le débat... La question est sans doute plus large et concerne la prise en charge de la fin de vie en général qui se passe souvent dans des conditions bien tristes (ma grand-mère paternel est morte à l'hôpital en service gériatrie, c'est franchement sinistre).
    Pour les gens atteints de maladie, il se dit parfois que le corps médical force un peu les doses de morphine et autre pour accélérer les choses... Même si bien sûr tout ça reste totalement officieux. En revanche, côté personnages âgées, je pense qu'il n'y absolument pas ce type d'accompagnement et c'est bien dommage. Après l'autre question serait d'avoir le consentement de l'intéressé(e) ce qui n'est pas forcément évident quand la personne n'a plus toute sa tête/ne parvient plus à s'exprimer. Car il y a malgré tout des personnes âgées qui s'accrochent à la vie et ne donneraient pas forcément leur accord.
    Bon, mon com est un peu brouillon, comme le sujet dans ma tête ;)

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    1. Merci ma copine !
      C'est un vaste débat.
      Du reste j'ai regardé le reportage sur zone interdite et même si ça faisait mal je ne peux que comprendre.
      Tant que l'on a pas vécu la situation je crois qu'il est très difficile d'imaginer supporter voir un être aimé souffrir...
      Et encore, mon papy a eu de la "chance" puisqu'il n'a souffert que quelques semaines si je compare à d'autre situations, d'autres personnes....
      Bref. C'est un débat mais surtout qu'il existe ce débat. ça fait parler et sans doute avancer...petit à petit.

      De gros bisous toi!!
      Et merci pour tous tes petits mots.

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  4. Je suis bien d'accord avec toi ... voir partir quelqu'un qu'on aime c'est dur mais le voir souffrir c'est encore pire et effectivement il y a des fois des situations bien difficiles pour le mourant comme pour sa famille où la pudeur n'est plus ... Comme tu le dis il devrait y avoir des parcours personnalisés.

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    1. Exactement. Les parcours personnalisés limiterait sans aucun doute les dérives tout en prenant en compte la situation de souffrance de chacun.

      Merci de ton commentaire par ici. Vraiment.
      Des bises

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