Tenter de comprendre, d'amorcer un balbutiement de raisonnement, d'explication. Et très vite penser à eux. Mes enfants. Mes élèves. Une même vulnérabilité. Une même innocence et une même interrogation: comment leur en parler.
Ces 3 derniers jours, comme tout à chacun j'ai blêmi, frémi, pleuré devant les témoignages insoutenables de Jeannette Bougrab notamment et Patrick Pelloux. J'étais choquée. Glacée. Presque paralysée par ce cataclysme que je pensais impossible ici. Dans mon pays. Celui de la libre expression et de la tolérance.
Mais à la différence de certains d'entre vous je ne suis pas qu'une maman qui doit protéger ses enfants et leur apprendre aussi à discerner le mal et le bien. Non, pas seulement.
De part mon métier j'ai une certaine responsabilité morale. Un devoir. Je suis aussi une représentante de la république. Comme les policiers en charge de notre protection. Je suis moi, bien modestement en charge de l'instruction. L' instruction de nos enfants, des futurs citoyens libres de s'exprimer.
De part mon métier j'ai une certaine responsabilité morale. Un devoir. Je suis aussi une représentante de la république. Comme les policiers en charge de notre protection. Je suis moi, bien modestement en charge de l'instruction. L' instruction de nos enfants, des futurs citoyens libres de s'exprimer.
Alors très vite il a fallu faire la part des choses. Séparer les émotions, mes sentiments et mesurer les mots, réfléchir, choisir les mots justes pour expliquer et surtout ne froisser personne.
J'enseigne en ZEP.
Cela change aussi le ton. L'explication, peut être.
Mon explication, mes réponses n'avaient sans doute pas grand chose à voir dans la forme à celles utilisées par la maîtresse de ma num1.
Mon explication, mes réponses n'avaient sans doute pas grand chose à voir dans la forme à celles utilisées par la maîtresse de ma num1.
Alors j'ai pris le temps, j'ai choisi de prendre le temps.
En classe, je fais de l'éducation civique le jeudi habituellement. 1h avant la sortie. J'avais prévu de parler de citoyenneté. De démocratie. J'ai commencé. Le but étant de parler des valeurs portées par la république à leur niveau. Le quotidien. Les actes...et de voir si mes élèves réagissaient. Ne rien imposer. Écouter et répondre.
En classe, je fais de l'éducation civique le jeudi habituellement. 1h avant la sortie. J'avais prévu de parler de citoyenneté. De démocratie. J'ai commencé. Le but étant de parler des valeurs portées par la république à leur niveau. Le quotidien. Les actes...et de voir si mes élèves réagissaient. Ne rien imposer. Écouter et répondre.
C'est bien de cela qu'il s'agissait alors: répondre aux questions, répondre aux bras levés de tous mes élèves en ce jeudi après midi. Les musulmans, les athées, les chrétiens...tous.
Alors j'ai mis à plat. Le plus possible. Expliquer la république, la démocratie, l'expression et la libre expression. Trouver des exemples encore. Du concret. Tenter un parallèle entre les humoristes qu'ils connaissent et les dessins de ceux qui font passer des messages tout comme leurs comiques préférés. Un principe. Répéter que rien ne vaut la tolérance. Le respect. L'échange le dialogue.
.....
Le lendemain, ce vendredi, un changement de climat était palpable. Comme une tension. Des élèves en larme, d'autres questions, des remarques reprises dans la bouche d'enfants qu'ils n'étaient pas capables de comprendre....
Et puis,
Et puis ces larmes particulières. Celles d'un de mes élèves. Apeuré. Peur pour son père parti prier pour la paix. Peur pour sa religion montré du doigt. Presque de la panique.
L'espace d'un instant je me suis sentie bien seule. Et puis....
Se rappeler ma mission. Rassurer d'abord. Que tout est sous contrôle. Parler ensuite, encore. Expliquer. Encore. Être attentive. Balayer les amalgames. Rappeler les fondamentaux. La mission de l'école laïque, celle qui s'oublie un peu parfois : liberté, égalité, fraternité.
Rentrer chez soi. Et craquer. Essayer de souffler et respirer les cheveux de mes enfants. Les faire rire..et lundi ?
Une tâche ô combien difficile... Je t'admire parce que c'est un sacré boulot que tu fais là.
RépondreSupprimerMerci de ces mots et de ton partage. Je n'ai pas vraiment réussi à écrire sur autre chose depuis....comme une béance trop à vif encore.
SupprimerAlors merci de ces gentilles que je bois, qui me portent aussi !
Cœur, Coeur ma copinaute de folyyyye !